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Persévérer dans son être (suite)

Poursuivons la réflexion sur le Conatus spinozien relatif aux mécanismes et aux modèles d’auto-organisation de la matière mettant en évidence des propriétés qualitativement différentes de celles de ses constituants pris individuellement.

Je n’examinerai pas ici, n’étant pas philosophe, la question de savoir si Spinoza s’inscrit dans un matérialisme empirique, ontologique ou méthodologique ou si son « Éthique » reste encore profondément idéaliste mais je montrerai que son principe de « persévérer dans son être » se serait largement nourri des connaissances nouvelles que 3 siècles plus tard la Biologie moléculaire lui aurait apportées.

J’ai rappelé que les quatre forces fondamentales de la Nature se mettaient en marche dès l’explosion initiale pour constituer successivement des édifices de plus en plus complexes, atomes d’Hydrogène (380.000 ans après le Big Bang) puis Deutérium, Tritium, Hélium, nouveaux atomes de plus en plus lourds, molécules, macromolécules et ainsi de suite jusqu’aux fameux acides nucléiques (ADN et ARN).

Sur Terre, à partir de ces immenses chaînes en double hélice, associant toujours les quatre bases puriques (adénine, guanine) et pyrimidiques (thymine, remplacée par l’Uracile dans l’ARN et cytosine),  les mêmes chez tous les êtres vivants, le développement de la Vie (où animaux et végétaux, archéobactéries, algues, séquoias, éléphants et hommes partagent le même secret de fabrication) fut inlassablement répliqué depuis plus de 3 milliards d’années, ne se différenciant d’une espèce à l’autre et dans une moindre mesure d’un individu à l’autre, que par l’ordre de succession de ces fameuses bases le long de ces chaînes, cet ordre représentant le jeu d’instructions illimité qui constitue le génome de chaque espèce.

Ainsi, grâce à cet assemblage, fruit du seul hasard, après des milliards d’essais le plus souvent infructueux, l’évolution a privilégié le système le plus adapté à notre environnement et permis l’apparition d’organismes pluricellulaires de plus en plus complexes aptes à s’auto réparer et à se reproduire d’abord par clonage puis par reproduction sexuée.

Persévérer dans son être c’est en effet être capable de s’auto réparer puisque la structure même de l’ADN peut être altérée. Or le duplicateur ne peut donner une bonne copie que si l’original est parfait car toute altération de la séquence des bases le long de ses chaînes serait immanquablement transmise aux brins qui en dériveraient.

Persévérer dans son être c’est aussi se reproduire et la sexualité est apparue très tôt au cours de l’évolution comme la stratégie la plus efficace privilégiée par les gènes malgré l’exposition parfois dangereuse qu’elle implique, car elle apporte, à chaque reproduction des cellules germinales, une possibilité de mieux réparer les tronçons d’ADN abîmés.

Aussi, la grande famille des enfants de l’ADN qui compose le vivant est-elle virtuellement immortelle. Pour le rester, les membres de cette famille sont engagés dans des situations qui mêlent compétition (prédation) et coopération (sexualité).

Si notre durée maximale de vie est supérieure à celle de nombreuses espèces animales c’est parce que, grâce à notre intelligence et à notre adaptabilité, le milieu dans lequel nous évoluons est devenu pour nous moins risqué, permettant d’allouer plus de ressources aux fonctions de protection et de réparation de nos cellules.

L’évolution certes aurait pu essayer des systèmes d’anti vieillissement encore plus efficaces mais cela se serait fait au détriment de la croissance et cette hypothèse n’a malheureusement pas été retenue par des gènes « égoïstes » qui ont favorisé au contraire les organismes capables d’arriver plus rapidement à maturité sexuelle.

Terminons en disant que l’homme pour Spinoza n’est pas seulement réduit à sa faculté de raisonner comme c’est le cas de Platon (l’homme est un animal rationnel) à Pascal (l’homme est un roseau pensant) mais qu’il se détermine aussi par sa faculté de désirer jugeant qu’une chose est bonne pour lui non parce que son manque est ressenti comme un affect douloureux mais parce qu’il la désire.

Pour Spinoza, la connaissance et la compréhension de la nature de ces désirs sont essentielles pour atteindre la béatitude et la liberté. Les désirs, les joies, les peines et les peurs ne sont pas simplement des distractions de la raison, mais des aspects fondamentaux de la condition humaine.

Cette dualité entre la raison et les passions est un terrain fertile pour la réflexion contemporaine, dans le domaine des neurosciences cognitives qui explore comment nos émotions et nos désirs influencent notre comportement, nos décisions et notre perception du monde.

La philosophie de Spinoza nous invite donc à considérer l’humain dans toute sa complexité, un être de raison mais aussi un être de désirs, constamment en quête d’un équilibre entre ces deux dimensions.

Pierre Chastanier, 9 novembre 2023

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