Temps fléché ou temps cyclique ?
Temps fléché ou temps cyclique ?
Voir les choses de plus loin donne souvent une meilleure perspective. En ce qui concerne la société humaine, nous avons les yeux sur le guidon et nous ne nous rendons pas compte que le temps fléché des religions monothéistes (donc, temps qui marque la progression vers un but) par rapport au temps cyclique (et l’éternel retour) des anciennes sagesses, ne dure que depuis 4.000 ans, c’est-à-dire pas grand chose dans l’histoire de l’Homo Sapiens et moins que rien dans l’histoire de la vie sur terre.
Or, nous approchons d’une période de retournement. Les religions monothéistes, Islam mis à part, sont en terrible régression et pour cette dernière qui vit à l’heure de l’Hégire, il en sera sans doute de même dans quelques décennies car l’histoire s’accélère.
Allons-nous comme ce fut déjà le cas à de nombreuses reprises dans la vie de l’humanité connaître un nouveau déluge (guerre atomique, catastrophe climatique, démographie indomptable, pandémies à répétitions) prélude obligé du retour au temps cyclique ou au contraire nous ressaisir si c’est encore possible pour prolonger le temps fléché de l’humanité, seule espèce , pour l’instant, capable de dominer la Nature et de survivre aux dangers externes (rotation de l’orbite terrestre, chute de météorites, radiations solaires) et internes (guerres, surpopulation, altérations du climat) qui la guettent ?
Nous vivons une période où l’individualisme omniprésent rejette toute idée de consensus.
Au sein même de notre pays, l’incapacité de nos Gouvernants à résoudre les problèmes de notre temps (éducation, sécurité, immigration, économie, délinquance, écarts sans précédent entre riches et pauvres) altère profondément la cohésion sociale.
A l’échelon international, les affrontements en cours entre la Russie et l’OTAN et leurs conséquences dans les alliances internationales (Chine, Inde, Brésil, Afrique) peuvent malheureusement déboucher sur un cataclysme.
On se souvient que Paris, dont la destruction avait été décidée par Hitler en août 1944 n’a dû son salut que grâce à l’intervention in extremis du Général allemand Von Choltitz. Si Poutine était un jour acculé à déclencher un conflit nucléaire, y aurait-il un Von Choltitz pour sauver les grandes capitales occidentales des tirs de missiles qui en retour détruiraient aussi Moscou et Saint-Pétersbourg ?
Saurons-nous sauver l’humanité (et non sauver la planète comme le professent des fanatiques naïfs alors qu’elle se sauvera bien toute seule) ce qui va exiger des efforts sans précédents à l’intérieur de nos Nations comme sur le plan international ? Rien n’est moins sûr !
En finir avec les conflits internationaux et en particulier aujourd’hui entre la Russie et l’Occident, entre Israël et la Palestine, pour trouver enfin sous contrôle de l’ONU une garantie durable de paix et de sécurité mondiale.
En finir avec des mouvements migratoires incontrôlés dus au sous-développement, aux guerres, à la démographie galopante, pour garantir des échanges sereins et raisonnables entre les populations d’une même planète
En finir avec des tensions sociales au sein de nos Nations qui se disent développées où l’égoïsme oligarchique empêche le dialogue.
Engager les élites de tous les pays à rechercher des solutions scientifiques, économiques, démographiques, énergétiques capables de faire avancer l’humanité sur Terre et sans doute plus tard ailleurs en ne brisant pas la flèche du temps
Ou après un nouveau déluge, voir l’humanité se réduire à quelques rescapés laissant la place à un nouveau départ, ex nihilo ou presque, de l’Homo Sapiens qui se reconstruira sur la base d’une antique sagesse venue du fonds des âges où, qui sait, voir l’humanité disparaître au profit d’une nouvelle espèce qui prendra à son tour la place aujourd’hui prééminente de l’Homme dans l’avenir de la planète ?
Tel est le défi de notre temps !
C’est vrai que la stupide guerre d’Ukraine pouvant déboucher sur un conflit nucléaire, le conflit mortel israélo-palestinien qui s’envenime, l’affrontement qui monte entre USA et Chine, deux Nations voulant dominer la planète, ou encore les heurts civilisationnels, sur des bases religieuses, entre groupes humains s’interpénétrant du fait des migrations, peuvent faire pencher la balance vers ce retour au temps cyclique abandonné depuis l’ère judéo-chrétienne qui ne serait en fait qu’une catastrophe de plus dans l’histoire de la planète qui en déjà connu beaucoup d’autres!
C’est pourtant la première fois que parmi les civilisations qui se sont succédé la Science moderne a franchi une étape déterminante (ou destructrice) dans l’acquisition du savoir.
Se perdra-t-elle dans un nouveau déluge ? J’en ai bien peur car la finitude de la vie donne aux puissants le désir de profiter égoïstement jusqu’à plus soif de ce que le sort leur a initialement attribué par la naissance, par l’intelligence ou parfois tout simplement par la chance.
Pour eux, pourquoi s’inquiéter si, parmi les 8 milliards d’humains qui peuplent aujourd’hui la planète, 7 milliards vivent dans la pauvreté, la famine, la guerre, ou sous des dictatures liberticides ?
Peut-on imaginer que l’oligarchie financière, maîtresse des Gouvernements, des Etats, des médias, des consciences cède un jour le pas devant l’immense cortège des gueux qui se moque pas mal, eux, de savoir si la retraite sera à 62 ou à 64 ans ?
Peut-on imaginer qu’une ONU enfin digne de ce nom puisse un jour organiser la vie des hommes avant qu’il ne soit trop tard en garantissant leur sécurité collective, leurs divers modes de vie, leur accès équitable à la nourriture, à l’énergie, à l’éducation, à la santé ?
Nous sommes tous membres de la même race humaine, l’Homo sapiens, même si nous partageons avec les grands singes 99% de notre patrimoine génétique. Mais par chance, alors que sous la pression de la sélection naturelle toutes les espèces sont progressivement condamnées à disparaître, l’histoire de l’humanité nous a conduit à explorer des voies différentes nous permettant de déjouer les pièges de l’évolution.
Mais les ploutocrates prêts à nous laisser nous entretuer pourvu qu’ils jouissent égoïstement des avantages qu’ils ont pu obtenir (même si pourtant ils périront avec nous), savent-ils seulement que si nous sommes génétiquement si proches les uns des autres, c’est parce qu’après la quasi disparition de notre espèce il y a 100.000 ans, nous descendons tous désormais d’une même population africaine survivante qui a pu grâce à la multiplication des échanges de gènes mettre en panne le processus de spéciation qui existe partout pour les autres.
Certes, nous restons toujours à la merci, comme les dinosaures, d’une catastrophe naturelle, d’un brusque changement climatique ou tout simplement d’une attaque virale inconnue pouvant conduire à notre extinction mais les progrès de la Science moderne pourrait nous en sauver si cette agressivité reptilienne qui reste enfouie dans notre encéphale ne risquait pas à nouveau de nous faire tout perdre.
Il nous reste 7.5 milliards d’années pour coloniser une autre exoplanète de notre galaxie avant l’effondrement du Soleil. Mais tiendrons-nous jusque-là ?
Pierre Chastanier, 4 février 2024