Transcendance et Immanence
Transcendance et Immanence
L’immanence désigne en philosophie, en parlant d’une chose ou d’un être, le caractère de ce qui a son principe en soi-même.
Chez Moïse, Platon, Jésus, et Mahomet, au contraire, le corps et l’âme s’inscrivent dans un régime dualiste et dans l’horizon d’une transcendance qui renvoie à une cause extérieure et supérieure, Dieu quelle que soit sa désignation (ou pour Platon, le monde intelligible des Idées).
Voyons-en les conséquences, chez nous, en France notamment, lieu de confrontation actuel entre une civilisation judéo-chrétienne devenue de plus en plus agnostique et une civilisation islamique encore profondément ancrée dans une foi crédule.
Les croyants d’Allah s’opposent aux mécréants occidentaux que nous sommes pour eux par une série de défis, tensions et malentendus où l’Islam radical marque une distinction nette entre une religion pratiquée par 1.6 milliard de fidèles à travers le monde et une interprétation extrême et politisée qui alimente à l’encontre de l’Occident des conflits souvent enracinés dans des divergences idéologiques profondes, des griefs historiques et des positions géopolitiques complexes qui génèrent un profond ressentiment.
On se souvient du soutien constant apporté au nazisme, dès le début des années 30, par le Grand Mufti de Jérusalem, Haj Amin al-Husseini, s’opposant à l’arrivée de juifs allemands, bulgares, roumains et hongrois voulant émigrer au Proche-Orient alors sous mandat britannique.
Souvent, les actes de violence perpétrés aujourd’hui par des extrémistes islamiques reçoivent une large couverture médiatique, ce qui peut conduire à des généralisations hâtives sur l’islam en tant que religion.
Seul un dialogue interculturel et interreligieux pourrait permettre de surmonter les malentendus et de favoriser la paix ce qui impliquerait une meilleure compréhension des différentes croyances et pratiques, sous réserve de la reconnaissance absolue par les migrants des lois et des us et coutumes du territoire d’accueil et le respect des droits de l’homme.
Mais c’est sans compter sur les manipulations possibles orchestrées par des chefs religieux ou militaires souvent corrompus aux intentions dévastatrices à l’encontre de nos sociétés modernes où notre approche immanente privilégie la raison, la science et l’expérience personnelle comme sources de connaissance et de compréhension plutôt que le surnaturel ou la métaphysique.
L’islam (comme le christianisme ou le judaïsme) se base sur la transcendance et l’idée qu’il existe une réalité ou une vérité supérieure au-delà de l’expérience sensorielle humaine. La vie sur terre n’est qu’une attente douloureuse des délices du Paradis d’Allah ! Cette croyance en une puissance supérieure, confortée par des textes sacrés et des enseignements spirituels, façonne toujours profondément la vision du monde des musulmans.
Lorsque des individus, se présentant comme des guides spirituels, exploitent cette croyance en la transcendance à des fins personnelles ou politiques, les fidèles fanatisés le plus souvent issus de milieux frustes ont rarement les outils intellectuels ou critiques leur permettant de remettre en question ces autorités et les risques de manipulation peuvent déboucher sur des actions radicales et violentes poussant des êtres crédules à commettre des actes terroristes, représentant une menace sécuritaire sérieuse.
Certes, une telle confrontation risque de stigmatiser les communautés musulmanes modérées, et d’attiser les divisions sociales et religieuses entraînant une escalade de l’hostilité et de la méfiance entre différents groupes sociaux menaçant la coexistence pacifique au détriment des efforts d’intégration et de dialogue intercommunautaire. Les gouvernements harcelés par leurs opinions publiques peuvent même être amenés à adopter des politiques plus réactives, parfois au détriment des libertés civiles et des droits de l’homme.
Face à une telle situation que le crise actuelle va considérablement faire empirer, soit on croit comme Paul Valéry que « nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles » soit on tente de gérer cette confrontation par une approche équilibrée combinant des mesures de sécurité avec des politiques visant à promouvoir l’assimilation, le dialogue interculturel, et la lutte contre la radicalisation.
On ne soulignera jamais assez à quel point de telles situations sont complexes et appellent des réponses nuancées, tenant compte des spécificités de chaque contexte et évitant les généralisations.
L’éducation et la promotion du dialogue interculturel et interreligieux sont essentielles pour développer la compréhension et le respect mutuels entre les communautés et pour faire respecter la « Loi du sol » en privilégiant la voie de l’assimilation, la seule qui puisse à terme, permettre la coexistence, le respect des différences, et la vigilance face à toute manipulation idéologique.
Pierre Chastanier, 11 novembre 2023